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Fabienne Cabado 15/04/2010

  • Associated project « Totem ».

Un monde en soi

Le “marais à images”
Bordée de grands roseaux qui dissimulent les musiciens, cette scène est aussi un marais d’où émerge la vie. Grâce aux images que le jeune cinéaste Pedro Pires est allé filmer jusqu’en Islande, à Hawaï et au Guatemala, son lit s’assèche, sa terre se craquelle, devient lave en fusion, cristaux, métaux… Une heure trente durant, les paysages se succèdent sans relâche sur le sol devenu écran de projection. Leur réalisme est renforcé par un système de caméras à infrarouge permettant de détecter la position des artistes sur scène et de faire réagir les surfaces (eau, terre ou autre) à leur passage. C’est une innovation au Cirque du Soleil et le plus gros défi technique de Totem. D’autant plus qu’une partie de la scène est en pente, qu’il faut gérer la mouvance inhérente à la structure du chapiteau, de même qu’une passerelle mobile qui prend tour à tour figure de totem, de bateau, d’avion, etc.

“Je me suis illusionné et j’ai pensé que ce serait un spectacle plus facile à faire que Kà, reconnaît Lepage. Mais il est presque aussi lourd finalement, parce que tout est conçu pour qu’il s’adapte aux théâtres et aux arénas, et que tout ajout d’une nouvelle technologie pour le bonifier est difficile dans un chapiteau. On est obligé de faire toutes sortes de contorsions, sans faire de mauvais jeu de mots, pour arriver à apporter dans un cirque mou [sous chapiteau] les vertus du cirque dur [en salle].”

“Ce qui est intéressant avec Robert, c’est qu’il te donne les grandes lignes du concept et il attend de voir ce que tu lui amènes, commente Pires. J’ai donc pu apporter ma propre imagerie cinématographique et mettre en oeuvre toutes sortes d’idées en me servant de la forme particulière du ventre de la tortue. Les principales qualités du spectacle en dehors des projections? La mise en scène ingénieuse avec beaucoup de métaphores, d’objets, d’humour et des numéros absolument impeccables.”